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Lettre d'amour : 65. Au revoir à celui qui fut un ami (Carla)

Cher Saul,

J'espère qu'un jour tu liras ces lignes. Je tiens à te remercier pour les bons soins que tu m'as apportés et, malgré tout, je choisis de te pardonner pour tes maladresses et la cruauté immature qui a parfois transparu dans tes mots. Tu es jeune, et la vie s'ouvre encore devant toi. Tu feras d'autres expériences et peut-être reviendras-tu à cette année où tout n'a été qu'une succession d'erreurs.

Pour le moment, je ne peux pas revenir vers toi, non par manque d'affection, mais parce que je ne peux imaginer que tu sois prêt à revoir ta perception des choses après notre dernière dispute. Moi-même, je n'ai pas toujours su trouver les bons mots ; j'étais submergée par l'amertume et la colère. Je connais tes peines, tes peurs, cette solitude qui te pèse, mais j'ai du mal à accepter que tu aies placé tes souffrances au-dessus des miennes, au point de me blesser. Je te sens revanchard, caché derrière des yeux rieurs et des silences qui en disent long.

Tu fais confiance à un entourage dont l'influence te fragilise plus qu'elle ne te protège. Peut-être crois-tu les connaître, alors qu'ils exploitent tes failles issues de ta rupture familiale. Ton instabilité et ton impulsivité ont peu à peu effrité la possibilité d'une connexion sincère. Tu t'es entouré de regards trompeurs, d'échos qui t'éloignent de toi-même. De personnes égoïstes, complaisantes et opportunistes qui abusent de ton idéalisme. J'aurais aimé être celle à qui tu faisais vraiment confiance, celle à qui tu aurais confié tes peurs au lieu de les dissimuler sous la colère. Être vulnérable n'est pas une faiblesse, Saul. C'est un acte de vérité.

Ma faute, à moi, a été d'ignorer mes propres limites, de continuer à donner alors que je ne recevais ni amitié sincère ni patience en retour. J'ai exprimé mes émotions parce que je suis humaine, et non pas parce que je correspondais à l'image caricaturale que tu as voulu me prêter.

J'aurais aimé que tu me parles franchement, au lieu de laisser grandir cette colère et cette rancune, simplement par peur de te montrer vulnérable. Mais être vulnérable avec quelqu'un qu'on aime, ce n'est pas une faiblesse.

Si tu avais pris le temps de me connaître vraiment, tu aurais compris mes besoins au lieu de me juger. Si tu ne m'avais pas poussée dans mes retranchements, tu n'aurais pas eu à affronter ce que tu considères aujourd'hui comme une injustice.

Je ne crois pas que tu admettras un jour la blessure profonde que tu as causée, ces derniers mois. Être jugée sur des racontars, être salie gratuitement, ne rend pas les choses plus faciles. Tu m'as fait la guerre et tu exiges de l'amour comme un petit garçon qui vient tirer les cheveux de la fille qui l'intéresse. Et c'est pourquoi, en dépit des souvenirs heureux et des moments où tu m'as aimée en silence, je ne peux pas me permettre de continuer à attendre quelqu'un qui ne reviendra peut-être jamais et qui restera sur ses positions, conforté dans des convictions qui ne se sont jamais construites que dans l'abstrait et les paroles d'autrui.

Pourtant, je ne garde pas de haine, seulement une forme de distance lucide.

Le monde est incertain et le présent fugace. Alors, si un jour tu ressens le besoin de dire les choses telles qu'elles sont, sans détour, sans jeu de perceptions ni crainte d'être vulnérable, sache que je saurai écouter. Autour d'un bon café crème.

Autrement, ce ne sera qu'une spirale infernale et passionnelle qui devra s'arrêter au plus tôt.
Mon départ au Danemark abrégera sans doute nos chamailleries stériles d'hypersensibles. Et nous passerons alors définitivement à côté de quelque chose, le temps et l'espace nous séparant davantage chaque minute.

Carla

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