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Lettre d'amour : 60. Yaourt grec (Baudoin)

À Leto, étoile de mes éternités,

Te revoir dans cette ère d'acier et de verre fut un choc plus violent qu'aucune tempête de nos vies passées. Ce monde a changé, les autels sont froids, les hymnes se sont tus, et l'encens des temples n'est plus qu'un souvenir que seuls quelques rêveurs osent encore respirer. Pourtant, parmi ces tours lumineuses et ces machines sans âme, tu es là. Toujours.

Je t'ai reconnue bien avant que ton regard ne se pose sur moi. La démarche, l'éclat dans tes yeux, l'ombre d'un sourire qui appartenait à une autre époque. Leto, je n'ai jamais cru aux coïncidences. Nos âmes, liées depuis les temps où l'oracle murmurait nos destins gravés sur la pierre, ne pouvaient que se retrouver, malgré les siècles, malgré l'oubli.

Nous étions libres alors, au bord de l'Égée, le vent portant nos promesses comme une offrande aux dieux. Je me souviens de tes mains effleurant la mer, du sel sur ta peau, de nos rires perdus dans le chant des vagues. Nous appartenions à un monde où chaque souffle était un présage, où chaque nuit s'ouvrait sur des mystères sacrés.

Mais ici, il n'y a plus de présages, plus d'augures. Les cieux sont obscurcis par des lumières artificielles, et le silence des dieux pèse comme une absence insupportable. Nous sommes des vestiges dans une époque qui nous ignore, des âmes antiques piégées dans un futur qui ne nous comprend pas.

Alors dis-moi, Leto, est-ce que nous allons nous perdre à nouveau ? Ou bien allons-nous raviver ce feu ancien, braver cette modernité froide pour retrouver la chaleur du sacré ?

Je n'ai plus de temple où déposer mon amour pour toi, mais prends ces mots comme une offrande. Mon serment demeure, même dans ce monde déshérité.

Si tu me tends la main, je te retrouverai, encore et encore, jusqu'à la fin du temps.

Numaïos

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