Pénurie et abondance
Pénurie et abondance
● En Occident, il y a peu de temps, on faisait encore l'éloge des rondeurs, considérées comme des objets de charme et de bonne santé. Les femmes du peintre Rubens n'étaient pas du tout maigrichonnes mais, au contraire, bien en chair. Le souvenir des siècles de pénurie alimentaire, de famine, avait conduit à apprécier la forte corpulence comme un signe extérieur de richesse, une sorte de carte de visite sociale valorisante, et également comme un critère de beauté féminine. Les femmes jeunes portaient leurs rondeurs avec fierté, et on regardait leur embonpoint comme une garantie des futures grossesses à l'abri des problèmes de sous-alimentation. Et à l'âge mûr, une stature imposante était un atout appréciable dans les rapports sociaux, commerciaux, ou même familiaux.
● Dans nos sociétés actuelles d'abondance, en revanche, le problème de la sous-alimentation est supplanté par celui de la suralimentation. Comme presque tout le monde a le moyen de se goinfrer ou de ne manger que ce qui plaît le plus, notamment le gras et le sucré, le surpoids et l'obésité deviennent courants. Et alors c'est la minceur qui a la cote car, d'une part, elle est associée à une alimentation choisie, aux soins apportés à son corps, et d'autre part, elle devient un signe visible de santé, de bien-être personnel. La minceur est d'autant plus prisée qu'en même temps les obèses appartiennent souvent aux couches sociales les plus défavorisées. Et elle s'impose d'autant plus fortement qu'elle est véhiculée par les stars du showbiz, de la chanson, de la mode.
Citations
L'amour est un égoïsme à deux (Germaine de Staël).
Les trésors du corps sont enfermés dans des magasins disséminés sous la peau (proverbe chinois).
Le rossignol ne se nourrit pas de chansons (proverbe russe).