6. Calculs logiques de dates chinoises
● Voici les démarches logiques qu'on doit effectuer pour calculer soi-même des dates chinoises, c'est-à-dire pour fabriquer soi-même le calendrier chinois, ou encore pour vérifier l'exactitude de certains calendriers d'inspiration chinoise. Ces démarches consistent à :
● 1. Calculer les dates de 13 nouvelles lunes consécutives à partir de la première nouvelle lune d'une année chinoise quelconque — autrement dit, à partir de la deuxième lunaison après celle qui contenait le solstice d'hiver précédent. Ces dates sont bien entendu grégoriennes, c'est-à-dire exprimées selon le calendrier international actuel, qui, nous l'avons vu, est d'une excellente précision.
● On peut obtenir des dates et heures de nouvelles lunes en les demandant au Bureau des Longitudes en France ou à tout autre laboratoire des éphémérides astronomiques dans le monde. Le calendrier des PTT fournit aussi, entre autres, les dates et heures de nouvelles lunes. Mais attention! Les dates fournies sont souvent fonction du fuseau horaire où se trouve l'organisme donneur. Celles du Bureau des Longitudes sont pour le fuseau +1 et ne tiennent pas compte de l'heure d'été, et celles des PTT sont pour le fuseau 0 (c'est-à-dire TU ou Temps Universel), alors que la Chine a officiellement le fuseau +8. Il existe donc un décalage de 7 heures entre Pékin et Paris en période d'hiver, et un décalage de 8 heures entre TU et la Chine — décalage que nous, en France, devons ajouter avant de procéder à tout calcul. Si donc, par exemple, le Bureau des Longitudes vous communique une nouvelle lune ayant lieu à 13h10 le 2 mars (période d'hiver), il vous faudra convertir cette valeur en valeur chinoise, qui sera 20h10 le 2 mars. Mais si la valeur fournie est 19h54 le 13 mars, vous devrez enregistrer 02h54 le lendemain 14 mars pour les calculs que vous vous proposez de faire.
● Il va sans dire que, une fois les dates chinoises de nouvelles lunes (premiers jours de mois) connues, on peut en déduire le nombre de jours dans chacun des mois et les dates chinoises correspondant aux dates grégoriennes, en faisant attention toutefois, le cas échéant, au mois de février des années grégoriennes bissextiles.
● 2. Calculer les dates et heures des jalons médians de la même période. Les éphémérides astronomiques nous donnent la position du soleil à zéro heure et pour un fuseau horaire déterminé, position par rapport à l'équateur et à l'équinoxe de printemps. Grâce aux formules de trigonométrie sphérique et à la méthode d'interpolation itérative, on obtient alors les dates et heures exactes de passage du soleil aux jalons médians ; ce sont les données que peut fournir facilement n'importe quel laboratoire des éphémérides astronomiques. Rappelons que les jalons médians 1, 4, 7 et 10 correspondent déjà, respectivement, au solstice d'hiver, à l'équinoxe de printemps, au solstice d'été et à l'équinoxe d'automne.
● 3. Disposer dates des nouvelles lunes et dates des jalons médians par ordre chronologique en deux colonnes parallèles, et indiquer par une barre horizontale le début de chaque mois, c'est-à-dire de chaque lunaison (voir Tableau ci-après).
● Reconnaître si toutes les 13 lunaisons comportent ou non chacune un jalon médian. Dans l'affirmative, l'année est ordinaire et ne comprend que les 12 premières lunaisons (mois) du Tableau. Mais dans la négative — c'est-à-dire s'il existe une ou deux lunaisons sans jalon médian — l'année comprend toutes les 13 lunaisons et est reconnue embolismique. Bien sûr, le mois intercalaire est facilement reconnaissable par le fait qu'il ne possède pas de jalon médian ; mais il existe une exception à cette règle à cause de l'irrégularité de la vitesse de déplacement du soleil sur l'écliptique (voir note g du Tableau ci-dessous).
Les années embolismiques de 1880 à 2020
Voici la liste complète des années embolismiques chinoises de 1880 à 2020 de notre ère. Les mois intercalaires (supplémentaires) sont entre parenthèses (exemple : 5e = cinquième mois chinois). Rappelons que le mois intercalaire porte le même numéro d'ordre — mais n'a pas nécessairement le même nombre de jours — que celui qui le précède immédiatement ; cette notion est importante dans la reconnaissance des saisons par rapport aux mois de l'année civile chinoise (voir note k du Tableau ci-dessous), et essentielle en matière divinatoire.
● Les années embolismiques de 1880 à 2020
● Nouvelles lunes et jalons médians
● NOTES
a. Le jalon médian 1 (= solstice d'hiver) doit toujours se trouver dans l'avant-dernier mois, c'est-à-dire le mois portant le numéro 11, de l'année civile chinoise. Les calculs révèlent que, pour toute année civile chinoise, si une nouvelle lune a lieu le 20 février du calendrier grégorien, ce jour est le Jour de l'An ; sinon, c'est le jour de nouvelle lune ayant lieu entre le 21 janvier et le 19 février inclus.
b. Équinoxe de printemps.
c. Solstice d'été.
d. Équinoxe d'automne.
e. Ce mois n'a pas de jalon médian. Il est donc intercalaire et porte le même numéro que le mois qui le précède immédiatement ; et l'année en cours, qui a treize mois, est embolismique.
f. Solstice d'hiver le 22.12.84. La lunaison qui le contient est, comme il se doit, l'avant-dernier mois (onzième mois) de l'année civile chinoise en cours (année du Rat de Bois).
g. Très important. Le mois chinois commençant par ce jour, puisqu'il n'a pas de jalon médian, aurait dû être intercalaire. Mais il reste ordinaire, car le mois intercalaire précédent se trouve à moins de 20 mois de lui. Cette exception s'explique par le fait que le soleil se déplace sur l'écliptique plus rapidement entre l'équinoxe d'automne et le solstice d'hiver qu'à d'autres périodes de l'année tropique : les étapes solaires de cette période sont à peu près de la même longueur que les lunaisons. (C'est aussi pour cette raison qu'on constate que les onzième, douzième et premier mois de l'année civile chinoise ne sont jamais intercalaires.) Voir aussi note a.
h. Équinoxe de printemps.
i. Solstice d'été.
j. Équinoxe d'automne. k. Solstice d'hiver : il doit se trouver dans l'avant-dernier mois (onzième mois) de l'année civile chinoise courante. Puisque le mois intercalaire ne sert qu'à permettre à l'année civile chinoise de rattraper l'année tropique en temps opportun, il n'influe pas sur le positionnement des saisons par rapport aux mois réguliers. Ainsi, si le solstice d'hiver doit toujours se trouver dans le onzième mois de l'année, l'équinoxe de printemps doit toujours tomber sur le deuxième mois, le solstice d'été sur le cinquième mois, et l'équinoxe d'automne sur le huitième mois.
Pour en savoir plus, consultez mon ouvrage :
Astrologie chinoise authentique (Éditions du Dauphin)
Citations
On a peine à haïr ce qu'on a bien aimé (Corneille).
Connaître son adversaire et se connaître soi-même, c'est pouvoir, sans risque, livrer cent batailles (proverbe chinois).
Qui se fait souris, le matou le mange (proverbe allemand).